Dans l’écosystème d’innovation, il est souvent question des accélérateurs de start-ups. Quels peuvent être leurs missions, leurs atouts et les différents axes stratégiques sur lesquels ils peuvent intervenir. Rencontre avec Pascal Latouche, Directeur de l’Orange Fab France qui nous en explique le principe pour Orange.
Comment est né l’accélérateur de start-ups d’Orange Fab France ?
Début 2013, le Laboratoire International d’Orange à San Francisco a lancé l’accélérateur Orange Fab US de la Silicon Valley. Dans le même temps, Stéphane Richard PDG d’Orange a souhaité que ce concept soit mis en place dans d’autres pays et notamment en France. Il m’a alors été proposé de prendre en charge la mise en œuvre en novembre 2013. Fortement motivé par cette activité et le challenge professionnel que cela représentait, j’ai mobilisé un réseau d’experts d’Orange et de professionnels externes de ma connaissance qui pourraient agir en tant que mentors afin d’aider des start-ups à développer leurs business de manière efficace et plus rapide. Après de multiples réunions de travail en interne et avec les mentors j’ai pu lancer un premier appel à projets sur décembre 2013 et janvier 2014. Un jury composé d’experts internes et externes a été mis en place début février 2014, pour le lancement de la saison 1 qui comprenait déjà 7 startups à la mi-février 2014.
Quelles sont les conditions de sélection des startups et les services offerts ?
En France, un appel à projet est organisé afin de sélectionner des start-ups françaises ayant des services ou des applications innovantes déjà commercialisés ou commercialisables qui peuvent être proposées à nos clients. Le jury de sélection est composé de membres de différentes entités d’Orange et également d’experts externes qui vont sélectionner 5 start-ups ou un peu plus en tenant compte de notre capacité interne à soutenir leur commercialisation.
Durant les trois mois que dure l’accélération, les start-ups travaillent avec nos Business Units. Elles ont accès aux conseils de nos tops managers et à bien d’autres services : locaux équipés, études clients d’un coût d’environ 40 à 50 K, ateliers réalisés par des experts internes et externes, événements en accès gratuit, démos day de mise en visibilité auprès de VCs et des médias, note convertible de 15K, accès aux réseaux nationaux et internationaux d’Orange. Il s’agit en somme de mettre à disposition un ensemble de moyens pouvant aider les start-ups et les business units à avancer dans les projets communs qu’ils se sont donnés.
Orange Fab France n’est pas le seul accélérateur de start-ups d’Orange dans le monde, il y en a également aux US, en Pologne, en Asie (Tokyo, Séoul, Taipei), en Israël, et en Côte d’Ivoire. Chacun de ces Orange Fab intègre des start-ups locales. Ce réseau international d’accélérateurs constitue un excellent levier pour les start-ups de chaque Orange Fab au niveau de la capacité à les exporter à l’international. Les dimensions du développement commercial, local et international sont pris en compte au profit des start-ups issues de chaque Orange Fab. Par exemple, les startups d’Orange Fab France Saison 1 ont eu l’opportunité d’aller à la Silicon Valley dans le cadre d’un DémoDay organisé par nos collègues de l’Orange Fab US. Celles de la saison 2 vont aussi bénéficier de ce type de voyage qui est sélectionné en fonction des marchés qu’elles visent afin de leur faire rencontrer les acteurs internationaux qui leur seront utiles.
Quel est votre rôle en tant que Directeur de l’Orange Fab France
Pour faire une métaphore, mon rôle est de « marier » l’économie d’un grand groupe à celle d’une start-up dans une relation de confiance et de durée. Cela se fait sur la base d’un vécu personnel et de l’expérience acquise dans différentes activités avec une seule ambition servir au mieux les deux parties dans une éthique de loyauté tant envers Orange qu’envers les start-ups. Il s’agit de faire de l’intermédiation, de coordonner, développer et faciliter la relation entre les start-ups et les business units d’Orange tout en gardant en tête les objectifs que les deux parties se sont donnés. Il faut aussi se poser les bonnes questions à savoir quels sont les ateliers spécifiques, le matériel et les éléments à mettre en œuvre en fonction des particularités de certaines start-ups. Par exemple certaines ont besoin des conseils d’un avocat spécialisé pour la propriété industrielle. L’un des points essentiels est de soutenir les start-ups afin qu’elles trouvent leur marché avec le support de nombreux acteurs internes et externes
Quel est l’avenir de l’accélérateur de startups d’Orange Fab France ?
Après le succès de la saison 1 nous sommes actuellement à la saison 2, et chaque promotion a apporté son lot d’expérience. Il y a eu 156 candidatures pour la première promotion et autant pour la seconde. Moins d’une dizaine de start-ups est à chaque fois sélectionnée afin de pouvoir rester dans une structure de taille humaine et un accompagnement de qualité. Concernant les start-ups de la première saison, il y a actuellement 3 contrats en cours avec les business units. Ce qui fera la solidité du marché du numérique en France, ce n’est pas tant le buzz médiatique que la qualité des produits et services développés par les start-ups et la capacité des grands groupes à soutenir concrètement leur action commerciale dans leurs quêtes de marché. Le win/win est chose possible, il convient juste de garder à l’esprit qu’il faut continuer à s’investir et travailler sans perdre de vue des objectifs partagés.
Pour en savoir plus
Start-ups de la seconde saison (sites webs pour certaines en cours de réactualisation) : Reminiz, Télégrafik, MyThemeParkBox, Cardilogos, SmartPlace
Site web de l’accélérateur Orange Fab France
Compte Twitter de l’Orange Fab France : @OrangeFabFr