MOOC : De l’idée à la conception – Rencontre avec Matthieu Cisel

MOOC : De l’idée à la conception – Rencontre avec Matthieu CiselArticle publié le : 08/10/2013
Par Patricia Delplanque
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moocRencontre avec Matthieu Cisel, Doctorant en MOOC (Massive Open Online Courses) de l’Ecole Normale Supérieure de Cachan et co-créateur du premier MOOC français qui nous fait découvrir le parcours qui l’a conduit à se lancer dans la création du MOOC Gestion de projet dont la conception a des consonances d’entrepreneuriat.

Comment à partir de tes études, as-tu eu l’idée de réaliser un projet d’enseignement en ligne ?

A la fin de ma licence en biochimie, en 2008 j’ai changé de voie pour suivre des études en Ecologie à l’Ecole Normale Supérieure de Cachan. Lors d’un stage en Inde pour lequel j’avais un budget à gérer je me suis aperçu que je manquais d’expérience  en gestion de projet, j’ai donc essayé de me former en ligne. De nombreux sites comprenant beaucoup d’informations mais peu de formations complètes étaient disponibles. Découvrant dans le même temps l’Inde où l’accès à un enseignement supérieur de qualité me semblait peu accessible à tous, j’ai eu l’idée de développer une plateforme de connaissances en Open Access, sachant qu’internet est en plein essor dans les pays émergents et en voie de développement.

Quelles ont été les différentes étapes de ce projet, les freins rencontrés, et les solutions trouvées ?

Pour développer mon projet j’ai pris une année sabbatique afin de designer une plateforme qui comblerait tous les manques que j’avais pu relever lors d’une étude en terme de fonctionnalités, de coût et de pédagogie.  En octobre 2011 ma maquette n’était pas encore terminée lorsque les US sortent sur le marché leurs premières  plateformes de cours. En tant qu’innovateur et travaillant sans équipe à cette époque, j’ai eu un moment de découragement face au géant que pouvait représenter les US et ces plateformes. J’ai donc décidé de mettre ce projet en retrait, et de faire une thèse sur les MOOC et la pédagogie.

Fin décembre, lors d’une recherche afin de trouver un enseignant qui collaborerait à la création d’un MOOC, j’ai fait la connaissance de Rémi Bachelet, Maitre de Conférences à l’Ecole Centrale de Lille.  Tout s’est ensuite déroulé très vite, quelques jours après nous prenions la décision de créer ensemble le MOOC Gestion de Projet.  Afin de constituer une équipe j’ai mis une annonce mi janvier sur les réseaux sociaux, 15 mn après Yannick Petit, futur Co Fondateur de la plateforme Unow nous rejoignait. Le 20 janvier nous signions avec la plateforme Canvas, mais il nous manquait quelques personnes dans notre équipe et quelques moyens également.

C’est donc avec 400 euros de budget, 2 casques, 1 web cam et un tableau blanc que naquit le premier MOOC français dont les vidéos furent réalisées dans le salon de Rémi Bachelet. Sur les 3 500 inscrits de cette session, 1 332 étudiants furent certifiés dont 894 en certification simple, et 438 en certification avancée.

Nous avons ensuite entrepris une  démarche pour établir un partenariat privilégié avec Unow dans le but d’avoir une nouvelle plate forme. La solution qui nous a été proposée comportait en plus de l’open source, des possibilités d’hébergement et d’autres fonctionnalités qui n’existaient pas sur les plateformes américaines comme celle d’avoir un contrôle total sur les données. D’autres développements nous permettaient également de faciliter les inscriptions et d’introduire des outils. D’après nos derniers chiffres nous avons actuellement 10 600 inscrits pour cette nouvelle session du MOOC Gestion de projet.

Quel est l’avenir selon toi des MOOC francophones et ce que tu voudrais y apporter ?

L’essor des MOOC francophones est visible et tend à se renforcer grâce à  de nombreuses initiatives provenant d’écoles  qui se mettent à développer des cours en ligne. A partir de ma thèse, j’analyse  les raisons qui poussent certains étudiants à aller jusqu’à la certification,  les motifs des abandons, et  les motifs du succès de ce cours ou non suivants les pays. Les résultats de cette étude me permettront pour les MOOC suivants de pouvoir introduire d’autres notions pédagogiques,  et d’autres idées de fonctionnalités qui favoriseront la motivation. Deux autres cours en ligne sont en phase de développement, le premier portera sur les statistiques.

Ce que je souhaite apporter aux MOOC dans l’avenir est une contribution à la diffusion des réflexions et du savoir-faire sur ce sujet. Les innovateurs sont des gens naturellement curieux et aptes à collaborer avec d’autres, en France les lignes de démarcation sont assez importantes, le cloisonnement existe. C’est une des raisons pour laquelle il est important d’échanger, ou d’avoir une équipe afin de décloisonner les structures et les cultures.

Pour en savoir plus : blog Matthieu Cisel

Article publié en second sur L’Atelier des Médias RFI

 

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