Il est souvent question de prospective dans l’actualité de l’innovation. Quels sont les objectifs des études de prospective, les enjeux pour l’innovation, et les différents thèmes qui peuvent être abordés ?
Pourquoi réaliser des études de prospective ?
Les études de prospective ont pour objectif d’intensifier les activités de recherche, de technologies et d’activités socio-économiques. Elles contribuent aux stratégies publiques et privées en matière d’innovation. Elles peuvent être commanditées et financées par des autorités publiques ; gouvernements, régions, Commission Européenne ou par des Institutions, des Observatoires… La recherche et les sciences technologiques, plus encore en temps de crise, sont considérées comme des domaines primordiaux de réflexion. Ce sont des éléments essentiels d’évolution et de contribution à l’innovation, et au développement durable.
Ces études révèlent l’état des connaissances des différents acteurs et les intentions concernant ces domaines. Elles donnent une visibilité des perspectives, des attentes, des craintes, des incertitudes, et les domaines de controverse ce qui apporte une réflexion collective et de nouveaux paradigmes. Lors d’études de prospective, il est nécessaire d’avoir des politiques efficaces et des financements publiques et privés adaptés ainsi qu’une attitude positive des différents acteurs. Leur diffusion débouchent sur des orientations stratégiques et politiques en matière de recherche et de sciences technologiques pour construire une économie durable.
Quels sont les objectifs d’une étude de prospective ?
- identifier des domaines prometteurs en sciences et en technologies
- contribuer aux débats sur les aspects sociétaux
- favoriser les synergies entre les différents acteurs du système de recherche et d’innovation afin de permettre des visions partagées du futur.
Quels sont les domaines technologiques et questions qui peuvent être abordés ?
1) Les NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, et technologies de l’information), les NTIC, les technologies cognitives et les interfaces hommes machine, les mécanismes d’apprentissage, les technologies des matériaux et les éco technologies, les réseaux intelligents, les énergies renouvelables et domaines associés…
2) Les questions sociales économiques qui mettent en évidence les questions liées à la santé, l’énergie, les transports, l’agriculture.
3) Les questions socio politiques et de valeurs qui traitent des questions de sécurité, d’éthique et du respect de la vie privée concernant l’aspect sécurité (les technologies pouvant induire des risques) et celles liées au changement global et à la régulation.
4) Les questions environnementales autour des territoires, des villes, des agglomérations, et des migrations.
Comment sont réalisées ces études ?
Elles sont réalisées à partir de différentes bases documentaires, de plate-forme collaboratives et d’outils permettant de confronter librement les visions et d’échanger ce qui permet une meilleure compréhension des enjeux.
Pour en citer quelques unes parmi d’autres ; l’E.F.M.N. (The European Foresight Monitoring Network) est une base documentaire financée par la Commission Européenne. Elle répertorie un millier d’études de prospective réalisées depuis 2003. Un million d’entre elles a fait l’objet d’une synthèse des traits marquants des prospectives utilisées en cours de l’année.
Le programme de l‘OCDE sur l’avenir (IFP) est une cellule de l’OCDE – Organisation de Coopération et de Développement Economique international – participant à la réflexion stratégique à long terme qui effectue de l’analyse prospective et de l’analyse des tendances à la construction de scénarii.
L’IPBES est une plate-forme collaborative intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques. Créée en 2010 et similaire au GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), elle fournit au gouvernement des synthèses scientifiques et des scénarios de développement sur la biodiversité et les écosystèmes.
Pour exemple, l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire (Millenium Ecosystems Assessment) a été commandée par le Secrétaire Général de l’ONU en 2000 à l’occasion d’un rapport intitulé Nous, les peuples : le rôle des Nations Unies au XXIe siècle.
Ce travail de 4 ans auquel 1 360 experts de 50 pays ont contribués pour évaluer sur des bases scientifiques l’ampleur et les conséquences des modifications subies par les écosystèmes donnait des conditions, des tendances et des scénarios.
Quelles peuvent être les différences entre l’Europe, les US et la Chine sur certains sujets abordés ?
Les normes législatives varient suivant les pays ce qui peut apporter des écarts dans certains domaines. Par exemple celles s’appliquant aux OGM en Chine sont beaucoup plus permissives que celles de l’Union Européenne. Les US sont dans la capacité de produire de la technologie de pointe sur des marchés, comme de prendre en compte et résoudre les problèmes.
En Europe, une réserve est mise sur les sujets des technologies convergentes. L’accent est mis sur l’éthique et l’exigence de l’association des parties prenantes des citoyens et des acteurs de la société qui doivent être traités avant le reste contrairement aux US et à la Chine où cela ne remettra pas en question les recherches.
Quel est l’avenir de la prospective ?
Un accroissement des études de prospective est observé chaque année, de plus en plus d’organismes se créent, des sociétés se spécialisent pour vendre le résultat de leurs enquêtes. Il est possible d’imaginer dans le futur, une étude réalisée sur les évolutions des outils et plate-formes collaboratives, ainsi que sur la coopération entre les différents acteurs de ce domaine.