A l’heure du numérique, les équipementiers en réseaux sous-marins sont en perpétuelle évolution technologique. En une décennie le débit est passé de 10, à 40 et 100 Go permettant à nombre d’entre nous d’avoir accès au haut débit et aux applications liées. A la question de savoir ce qu’il serait possible de construire si aucun réseau sous-marin n’existait, Jean Devos acteur majeur de ce marché depuis 50 ans, répond en nous offrant une vision innovante avec une infrastructure pour tous.
Patricia
Si nous devions oublier l’existant pour penser autrement !
Bâtir des réseaux sous-marins c’est vraiment changer le monde, c’est le « globaliser », en faire une communauté plus interdépendante et sans doute plus solidaire.
Deux phénomènes sont intervenus simultanément qui ont tout changé et n’ont pas été bien maîtrisés : l’optique et la déréglementation. L’activité des systèmes sous-marins est devenue un « business », une nouvelle « ruée vers l’or », objet d’un commerce. Le résultat, est que le noble objectif initial a été perdu de vue et l’écart s’est considérablement accru entre « riches » et « pauvres ».
Une infrastructure est un « bien commun », un outil accessible à tous, dans des conditions égales, de manière à donner à tous les chances de concourir ! C’est le cas d’un stade ou d’un terrain de jeux, c’est le cas dans chaque pays du réseau routier ou du réseau ferré.
« L’objet » que nous devons construire c’est un « nouveau réseau mondial » conçu comme tel et non pas comme le résultat d’une somme de câbles « régionaux » construits sans vision globale. Il doit répondre à un plan préétabli. Il remplacera progressivement les câbles existants devenus obsolètes.
Il conviendra d’élaborer les règles détaillées de ce nouveau jeu mais les grands principes seraient les suivants :
- Il y faut une autorité de régulation et un schéma directeur. L’idéal serait que la profession se dote de sa propre autorité de régulation et de son propre schéma directeur acceptés par tous.
- Tout projet individuel doit « entrer » dans le schéma et devient un sous ensemble du réseau. Chaque projet est une pierre d’une construction globale.
- Le réseau est accessible à tous, petits et grands opérateurs et mêmes à des utilisateurs privés aux mêmes conditions et surtout au même prix. Ceci efface les distances, les effets de volume.
- Les équipements installés, immergés ou à terre répondront à une norme unique mais pourront venir de plusieurs fournisseurs compatibles. On développera au maximum des sous ensembles standard ; la « compétition » se concentrera sur la R&D qui a pour but ultime l’accroissement de la capacité de transmission.
Le réseau devra être très modulable. Pour ce faire il faudra « inventer » une technologie de « plug in réparti » sur l’ensemble des épines dorsales du réseau. On pourra venir brancher des câbles secondaires à chaque répéteur sans avoir à le relever et sans interruption du trafic Ceci pour pouvoir connecter à la demande des opérateurs, ou pays ou îles supplémentaires. Un Global NOC supervisera l’ensemble du réseau.
Cette révolution n’est pas un retour en arrière mais au contraire un bond en avant qui exige une autre vision et sans doute d’autres hommes ou femmes. Ce réseau d’un nouveau type sera plus frugal en capitaux, plus « durable », apportant plus de visibilité, « gagnant-gagnant » pour tous. Pour ce faire, il faut quitter les lois de la jungle et les postures guerrières pour entrer dans une coopération internationale de grande envergure. Ce n’est plus « comment faire pour battre les autres » mais « comment faire pour être dans le club des acteurs ». Quelle pierre puis je apporter à l’œuvre commune ? Sens de la responsabilité et sens du devoir, conscience collective, et rôle sociétal.
Jean Devos
Aqest Your Submarine Expertise