Naissance d’un objet connecté

Naissance d’un objet connectéArticle publié le : 09/11/2012
Par Patricia Delplanque
facebooktwittergoogle_pluslinkedinmail

 

Crédit photo Pierrick Thébault

Il suffit d’une discussion avec Pierrick Thébault Doctorant en Sciences de la Conception aux Arts et Métiers Paris Tech pour être transporté  dans un autre monde, celui des objets connectés. Débordant d’enthousiasme, et de créativité, il nous fait partager ses connaissances et plonger dans cet univers peu connu où se créent « les objets de demain ».

Pierrick, comment as-tu l’idée de créer des objets connectés  ?

L’avenir des objets dans un monde où les surfaces interactives se multiplient est incertain. L’information se superpose à la réalité, trouver des moyens de lui redonner de la visibilité est nécessaire.

Dans la sphère domestique, des objets comme chaines Hi Fi, radios, réveils, et cadres photos disparaissent progressivement. La multiplication des écrans témoigne de l’importance des contenus et médias issus du Web dans la vie des utilisateurs.  Cela m’a amené à me demander quel pouvait être un futur fait de surfaces intuitives. Préserver l’interaction concrète avec la main, le geste, le toucher en plus des interactions tactiles et redonner de la place aux objets qui souffrent de la concurrence me semble important. C’est ce qui m’a donné envie de créer des objets « augmentés », c’est à dire dont les fonctions sont enrichies par des applications faisant le lien avec des ressources du Web.

Quelles sont les différentes étapes pour créer l’un de ces objets ?

Pour prendre l’exemple d’un radio réveil conçu durant ma thèse aux Bell Labs, j’ai du innover et créer une méthode de conception. Le radio-réveil est un exemple intéressant car il a tendance à disparaître, pour être remplacé par les mobiles et tablettes. Le faire évoluer permet ainsi de pouvoir continuer à l’apprécier.

Actuellement il y a peu d’études ethnographiques concernant l’usage des objets quotidiens. Une analyse à partir de conversations de terrain, d’entretiens, et de focus groupe a donc été menée. Les questions concernaient les pratiques d’utilisation et les activités des utilisateurs ainsi que leurs besoins et difficultés.

De la, j’ai cherché de nouvelles fonctions à développer par rapport au radio réveil d’origine et à internet afin de « l’augmenter », y compris dans sa forme et ses interactions avec les personnes.  Sur un tout autre aspect, il était aussi important de pouvoir rassurer l’utilisateur en lui donnant confiance dans cet objet connecté. Cela nécessite qu’il doit pouvoir en garder le contrôle afin d’accepter de lui déléguer des tâches en toute confiance. Pour cela, il doit pouvoir choisir ses applications et les mettre à jour lui même comme sur l’iPhone par exemple.

Au niveau de la réalisation, il m’a fallu travailler par paliers, en passant par des étapes intermédiaires pour aboutir à 3 formes de radio réveil incluant 6 applications pour l’augmenter. Techniquement cela demande de réinventer l’objet de A à Z ce qui implique d’avoir des compétences en électronique, en programmation, et en design pour l’habiller. Concevoir le système embarqué à l’objet, les applications qui l’augmentent, ainsi que sa forme, requiert également d’étudier les interactions entre l’homme et l’objet. Afin de mesurer la réaction des utilisateurs, des tests fréquents étaient pratiqués.

Pour visualiser la vidéo de démonstration lors des Bell Labs Open Days 2012

 

Quel est l’avenir des objets connectés ?

Cela reste un domaine à explorer, leur utilisation est un peu comparable à la naissance du web. L’internet des objets constitue une nouvelle plateforme, tout est à inventer, les applications comme les objets.

Au cours de mon expérimentation, j’ai réfléchi à ce que pourrait devenir ce radio réveil fixe en tant qu’objet mobile et à la manière de le faire arriver à ce stade. En devenant mobile, il devait pouvoir adapter ses fonctions et sa forme suivant les endroits de la maison où il serait localisé. Par exemple, il afficherait l’heure dans la cuisine, donnerait les nouvelles dans la salle-de-bains, et l’agenda dans la chambre.

A ce stade, il devrait être capable d’identifier le lieu pour délivrer un contenu en relation, ce qui en fait un objet intelligent. L’objet devient un réceptacle capable de mobiliser les informations, la musique, ou la vidéo qui convergent vers le Web. Les fonctions de l’objet et sa forme devraient elles aussi être dématérialisées. Il serait alors possible de créer un objet protéiforme, c’est à dire pouvant changer d’aspect et dont l’usage évolue au cours du temps, ce qui est encore au stade de concept.

Actuellement, les objets connectés sont très peu nombreux, et peu communiquent entre eux. Il n’y a pas de réel besoin, c’est ce qui s’appelle dans « notre jargon » un push technologique, donc une opportunité et non une nécessité.

Seules quelques start-up suffisamment agiles se sont spécialisées, car l’ensemble des compétences requises est rarement réuni dans une même société. C’est l’une des raisons qui fait que ce domaine peine à émerger. Le crowfounding, financement participatif sur plateforme, reste l’un des moyens qui permet aux petits projets de se lancer sur l’impulsion.

Pour en savoir plus site de Pierrick Thebault

Article publié en second sur le blog Alcatel-Lucent

 

 

facebooktwittergoogle_pluslinkedinmail